Photogrammes Gaëtan Soerensen
Pour conclure cette saison axée sur l’idée de voyage, la galerie a choisi de s’arrêter sur la notion de territoire et de frontière avec la proposition de Gaëtan Soerensen. Le territoire et la frontière sont des concepts universels que l’artiste aborde dans cette exposition à travers le prisme de rencontres qui vont le mener de la Jordanie à la Palestine sur la piste du Waqf. En droit islamique, le Waqf est une donation faite à un particulier qui garantit l’usufruit d’une terre et son caractère inaliénable.
Gaëtan Soerensen procède par touches, avance pas à pas pour explorer cette problématique universelle de la possession d’une terre et de l’identité, de la liberté de circuler comme celle de jouir de ses biens. Le discours n’est pas politique mais humaniste. Il s’appuie sur une histoire personnelle, la rencontre avec la famille de Mustapha. L’histoire d’une famille installée en Jordanie depuis 1967. Une famille dont les terres sont en Palestine et qui, du fait de leur origine, ne peuvent plus y retourner.
Question sensible, sur laquelle le regard de l’artiste se pose de façon douce, humaine. Gaëtan compile des témoignages, et les retranscrit par touches, délicates et personnelles, en transposant ces récits en images, il construit une compréhension kaléidoscopique révélant la complexité de ce territoire.
Le mouvement est présent, comme un effet de balancier qui opère de part et d’autre de la frontière. On accompagne l’artiste dans sa démarche de quête, au-delà de la frontière pour voir, interroger ce lieu, et interviewer ces témoins. Le spectateur est confronté à une réalité complexe, des points de vue qui l’obligent à recomposer un ensemble, à interpréter lui-même ces témoignages, à saisir la réalité par les bribes qui lui sont données.
Pour ne pas être enfermé dans une temporalité propre au reportage vidéo, Gaëtan Soerensen utilise également des images fixes, qu’il anime dans une idée de mouvement, des extraits saccadés, décontextualisés et sortis du temps narratif. L’artiste propose également une installation, sorte de topographie d’un lieu obligeant le spectateur à lui aussi se déplacer, se confronter à cette réalité. Il impose un rapport physique qui vient comme un contrepoint à la diffusion sur écran. Cette cartographie du territoire ainsi créée, se compose de visages, de témoignages sonores, de paysages, de mots. Une métaphore de la complexité, voire de l’absurdité de cette situation. Une polymorphie de la frontière. Une construction narrative dans un espace donné.
Gaëtan Soerensen interroge également les principes de la monstration documentaire, avec ses influences cinématographiques, Farocki ou Pasolini par exemple, et en transgresse les codes. Là encore il se joue des frontières, et produit une approche autant plasticienne que documentaire.
Strasbourgeois né en 1993, Gaëtan Soerensen a intégré l’Ecole supérieure des Arts le Septentecinq de Bruxelles pour un bachelor en photographie après une licence en arts du spectacle option cinéma à Strasbourg. Il est actuellement en master à L’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie à Arles. Photogrammes Waqf est son premier solo show.
Bénédicte Bach & Benjamin Kiffel
L’exposition se compose d’une installation, construite pour la galerie, pièce physique interrogeant l’espace, des vidéos, des photogrammes, des photographies, des textes, des témoignages sonores.
Elle est visible du 14 Juin au 13 Juillet 2019 du mercredi au samedi 16h – 19h
Vernissage le vendredi 14 Juin à partir de 18h en présence de l’artiste.
La galerie la pierre large est une galerie photo qui se positionne plus particulièrement en terme de photographie plasticienne, expérimentale et vidéo, galerie numérique, elle montre des oeuvres sur des supports dématérialisés programmés.
Lieu : La Pierre Large
Adresse : Rue des Veaux
Ville : Strasbourg
Quartier : Centre ville
Département : Bas-Rhin
Région : Grand Est
Pays : France
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